Sous Henri III, la crédulité populaire donnera naissance à la légende du fantôme de Bourgon qui revient parfois sous la forme de phénomènes inexpliqués…

A cette époque le château de Bourgon  appartenait à un puissant seigneur marié à une très riche et jolie femme de surcroit beaucoup plus jeune que lui. Il l’aimait passionnément et même à la folie… Cet excès de passion lui donna peu à peu un secret penchant de jalousie.
Le seigneur de Bougon s’absentait souvent pour de longues tournées d’inspection dans ses propriétés aux alentours. La tradition nous raconte que la jeune femme pour se divertir recevait souvent des amis et sa propre famille. La belle jeune femme était souvent courtisée mais sa fidélité était sans faille. Pris d’une passion secrète, l’intendant du château, homme de confiance du seigneur tenta également de la séduire mais il se fit repousser plusieurs fois par la jeune femme. Vexé il lança la rumeur de l’infidélité de la dame de Courcelles. Une parole indiscrète éveilla d’abord les soupçons puis la jalousie maladive du seigneur qui était connu pour son caractère violent et irascible. Voulant en avoir le coeur il eut recours à une ruse très classique, mais toujours efficace, la fausse sortie. Il annonça donc à sa femme qu’il partait plusieurs jours dans ses terres lointaines. Il partit en pompeux équipage pour revenir peu après subrepticement.

Comme à l’accoutumée, la dame de courcelles était entourée d’amis, elle fut avertie de l’état de fureur dans lequel se trouvait son mari. Chacun quitta les lieux précipitamment dont le jeune voisin Jean de Jarzé qui était venu faire sa cour à madame, il parvînt à s’enfuir par le souterrain. Considérant quand même qu’il y avait flagrant délit, le mari tira l’épée pour obtenir les aveux de sa femme. Elle ne put néanmoins se défendre d’une panique bien involontaire et ne sut répondre aux questions précipitées qui lui étaient posées ce qui signa malheureusement son arrêt de mort sans plus de procès.
Elle implora son mari de lui laisser la vie sauve mais d’un geste fou et inconsidéré le seigneur de Bourgon transperça la jeune femme maculant de sang le petit salon..
Le seigneur de Bourgon, qui avait des relations , échappa aux poursuites judiciaires et fut amnistié par le roi Henri III. Mais il ne fut amnistié par sa conscience et regretta son geste par trop impulsif ! Une enquête personnelle auprès des serviteurs avait très vite disculpé sa femme de tout infidélité. Pris de remords, il fit élever une croix expiatoire sur la colline saint Martin où il se rendait chaque jour pieds nus, corde au cou, en confessant publiquement le crime affreux dont il s’était rendu coupable. Depuis, le calvaire de granit a été placé en face de Bourgon. Certains soirs, le fantôme de la dame de Courcelles hante le calvaire, comme si elle demandait réparation pour sa vie prématurément interrompue. Elle est blanche comme le clair de lune et certains habitants de Montourtier affirment avoir vu cette lueur se déplacer au pied du château… Comme les jeunes filles scoutes, un soir de pleine lune lors de leur camp en 2007…D’autres diront que des traces de sang apparaissent et disparaissent spontanément sur les murs de la pièce où fut perpétré le crime…

La mémoire de la victime a été immortalisée par cette complainte :
(Cf : « La mayenne mystérieuse » légendes-croyances et superstisions, de Gilbert chaussis
« Voulez-vous ouir chanson nouvelle?
C’est de Madame de Courcelle
Qui avait un mari jaloux
Adieu mes cruelles amours !
Quand la nouvelle fut à la Roche
que Madame de Courcelle était morte
A la renverse, ils tombèrent tous
Adieu mes cruelles amours !
Mais, vous surtout, ma fille Jeanne
ne prenez jamais d’époux jaloux
Adieu mes cruelles amours »